Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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EN CHINE, UN BON MAITRE CHATIAIT BIEN EN 1897

On sait que jusqu’à une époque récente, les maîtres d’école n’hésitaient pas à frapper les élèves avec leur règle ou leur baguette (voir l’article : La baguette multifonctions du maître d’école). Ce traitement « pédagogique » était un usage très répandu de par le monde.

En voici un exemple asiatique. L’écrivain, poète et dramaturge chinois KOUO MO-JO (1892- ?), a relaté sa jeunesse dans « Autobiographie ; mes années d’enfance », publié chez Gallimard en 1991 (traduction et notes de Pierre Ryckmans) et il évoque notamment la dure période de l’école, à partir de 1897. Et l’on découvre, p. 51-52, avec quelle sévérité les maîtres corrigeaient leurs élèves âgés seulement de cinq à six ans !

« Le but exclusif de l’étude était en effet de donner accès à la carrière administrative. Vous voulez devenir mandarin ? Faites-vous rosser ! Vous voulez que vos enfants deviennent mandarins ? Payez un précepteur pour leur donner les verges ! De manière générale, le bon maître est celui qui châtie bien ; aussi, inutile de dire qu’un précepteur aussi réputé que maître Chen était d’une sévérité toute particulière.

Pour nous corriger, il se servait de lattes de bambou longues de quelque trois pieds, et épaisses d’environ deux pouces. Quand il nous frappait à l’improviste, il le faisait à la volée par-dessus nos vêtements, mais pour les punitions officielles, nous devions lui présenter soit les paumes des mains, soit les fesses.

En fait, je ne sais rien de plus barbare que cette dernière peine. Le malheureux petit délinquant devait d’abord lui-même installer l’escabeau qui servirait à son supplice devant la « sainte tablette » de Confucius, Premier Maître et Sage Suprême », et puis se déculottait avec componction et présentait ses fesses à l’incarnation vivante du Sage, pour se faire ensuite administrer sa volée de bois vert. Pareil châtiment, outre qu’il bouleverse les enfants d’une véritable terreur physique, est, de plus, susceptible de causer un tort irréparable à leur pudeur et à leur amour-propre.

Un de nos domestiques, appelé Lieou Lao-yao, était spécialement chargé du soin de tailler ces verges de bambou ; aussi nous avions mille prévenances pour lui et tâchions par tous les moyens de nous concilier ses bonnes grâces ; en fait il était on ne peut mieux disposé à notre égard et s’arrangeait toujours pour choisir des bambous particulièrement tendres et dépourvus de noeuds aux deux extrémités ; pareilles verges ne faisaient pas trop mal et, de plus, avaient une heureuse propension à se casser. Toutefois, les bambous qui cassaient pouvaient aussi présenter leurs inconvénients, car il arrivait parfois que la peau se fasse pincer dans leurs fentes, ce qui était fort douloureux.

Un autre désavantage des verges qui se rompaient, était que le maître, pour s’épargner la peine d’en quérir une autre, se contentait parfois d’arracher un bambou mince à la haie de l’école, et poursuivait alors les opérations avec une gaule entière ; nous redoutions par-dessus tout cette dernière éventualité, car tandis que la tige cassait de noeud en noeud, le maître continuait à frapper segment après segment, et dans ce cas c’était toujours un bout noueux qui s’abattait sur nos fesses.

Peu après mon entrée à l’école, je subis le châtiment des coups appliqués sur la paume de la main. La latte s’étant brisée, une écharde me perça la peau et me mit la paume droite tout en sang.

En fait les punitions régulières appliquées sur les paumes et sur les fesses, étaient encore relativement tolérables, car au moins la victime était prévenue et, d’une certaine manière, pouvait donc s’armer psychologiquement contre la douleur. Le pire, c’étaient les grêles de coups qui nous tombaient à l’improviste sur la tête ou sur le corps ; si, en hiver, elles n’avaient guère d’effets, en été par contre, nos vêtements légers et nos minces calottes ne nous étaient plus d’aucune protection, surtout quand le maître opérait avec des bambous fins arrachés à la haie. »

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci :)

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1 Comment to “EN CHINE, UN BON MAITRE CHATIAIT BIEN EN 1897”

  1. [...] aussi les articles publiés dans la rubrique Punitions par cannes et bâtons : le 04/06/2013 : En Chine, un bon maître châtiait bien en 1897 et le 30/06/2013 : 911 527 coups de bâton donnés aux [...]

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