Saint Patrice ou Patrick (vers 386-461) fut l’évangélisateur de l’Irlande, appelée jadis l’Hibernie. Sa vie nous est connue par des textes plus ou moins légendaires et contradictoires, dont la biographie du moine bernardin Jocelin, écrite vers la fin du XIIe siècle, tentative de compilation de textes antérieurs. Cette biographie fut publiée en 1864 dans « Les vies de tous les saints de France depuis le premier siècle du christianisme jusqu’à nos jours » (…) sous la direction de Ch. Barthélemy ; tome V, à Versailles, au bureau des Annales hagiologiques de la France (en ligne via Google. Livres).

Au chapitre XXIV, p. 791-792, on lit ceci : « S’étant mis en route, – par une divine inspiration ou par une révélation de l’Ange, Patrice se retira auprès d’un solitaire qui vivait en une île de la mer Thyrrénienne, homme de sainte vie, d’excellent conseil, de grand mérite, Juste de nom et de faits ; et lorsqu’après s’être pieusement salué, Patrice et Juste eurent échangé de bonnes paroles, l’homme de Dieu donna à Patrice un bâton qu’il lui assura avoir reçu de la main du Seigneur Jésus qui lui était apparu et lui avait dit de remettre ce bâton à lui, Patrice. (…) Or, de même que le Seigneur opéra beaucoup de miracles par une verge entre les mains de Moïse qui devait faire sortir le peuple hébreu de la terre d’Egypte, ainsi il voulut que beaucoup et de grandes choses fussent opérées par Patrice et le bâton que Lui-même, Dieu, avait porté dans ses mains, pour la conversion d’une multitude de Gentils.
Ce bâton est en Hibernie l’objet d’une grande vénération et jusqu’à présent on l’appelle « le bâton de Jésus ».

On voit par cet épisode que le saint assoit son autorité et sa légitimité par la possession d’un bâton remis par Jésus. La même transmission de la puissance divine se retrouve dans l’épisode qui suit :

Plus loin, au chapitre XXXVII, p. 805-806, il est dit qu’il rencontra un jeune garçon nommé Mochna, qui gardait les porcs, et en qui le saint décela une aptitude à entendre la parole du Christ. Il le prit sous sa coupe, lui apprit à lire, et « comme tous deux assis, ils conféraient ensemble des choses du ciel, un bâton envoyé du ciel tomba entre eux, – la tête dans le sein de Patrice, la pointe dans le giron de Mochna. Le Saint félicitant l’adolescent de ce présent qui était envoyé miraculeusement, lui dit :
«-Apprends, mon très cher fils, que ce bâton pastoral t’annonce que la garde des âmes te sera confiée. »
Et comme Mochna s’y refusait, prétextant son manque de science et l’imperfection de son âge, on rapporte que le Saint lui dit :
-Ne veuille pas dire : « Je suis un enfant, » parce que tu iras partout et tu annonceras en son nom ce qu’il t’aura commandé.
Donc Patrice ayant fait convenablement passer Mochna par tous les ordres sacrés, le consacra enfin évêque en lui donnant ce bâton miraculeux, et il le mit à la tête d’Edrum. Or, Mochna produisit beaucoup de fruits dans l’Eglise de Dieu par sa parole et son exemple, et éclatant en vertus et en miracles, il passa aux célestes royaumes. (…)
Le bâton ci-dessus mentionné est conservé dans cette église et est nommé « le bâton volant » par les Hibernois. »

Article rédigé par Laurent Bastard, merci