La communication – on disait autrefois la propagande – ne date pas d’hier. Sous l’Occupation, il y eut une déferlante de photos et d’articles à la gloire du sauveur de la France (ou de ce qu’il en restait), à savoir le maréchal Philippe PETAIN, chef de l’Etat français.
Octogénaire, le maréchal était-il un vieillard diminué ? Pas du tout ! affirmèrent les soutiens du régime. Voici un extrait de ce que Jean GALTIER-BOISSIERE, directeur du « magazine non conformiste » Le Crapouillot, a rapporté à ce sujet dans son tome III de l’ « Histoire de la guerre 1939-1945 » (1948). C’est en rapport avec la canne du maréchal et c’est assez drôle…
« La question a été débattue de savoir si sous cette superbe apparence le maréchal ne dissimulait pas un gâtisme assez avancé. Du Moulin met les choses au point : « A quatre-vingts ans, Philippe Pétain a conservé la force de ses soixante ans. Il peut faire, sans fatigue, cinq ou six kilomètres à pied. (…) Il soulève de sa canne à l’horizontale une petite fille de six ans. »
D’autres témoignages vont encore plus avant quant à la verdeur du Maréchal (…). Martin du Gard cite des gaillardises de caserne de ce genre : « A Belgrade où il représentait la France aux obsèques d’Alexandre Ier, assassiné à Marseille, le maréchal Pétain rencontra plusieurs maréchaux étrangers, dont Goering : « Ils sont ridicules avec leurs bâtons, confia-t-il à François Piétri, moi je ne montre pas le mien, je le porte sur moi et tous les matins encore. »
Et dans le tome IV de l’Histoire de la guerre 1939-1945 paru en 1949, p. 246, Galtier-Boissière reproduit une photo du Maréchal en compagnie de Goering, qu’il légende avec humour : « Goering a son bâton de maréchal, Pétain se contente d’une canne ».
Article rédigé par Laurent Bastard, merci