Voici un petit conte rapporté par « La Semaine des enfants » du 17 février 1864, p. 319, sous le titre : « Une bonne action récompensée ».
Un pauvre vieillard nommé Etienne parcourait les villes et villages du nord et de l’ouest de la France. Originaire de Franche-Comté, il proposait ses horloges aux habitants. Mais un jour, il se sentit si fatigué qu’il resta cloué au lit dans l’auberge où il s’était arrêté. L’hôtelier, nommé Pierre, prit soin de lui mais ne put le guérir. Et voici la suite :
« Un matin que le brave Pierre montait comme de coutume pour demander comment son hôte avait passé la nuit, celui-ci lui remit un papier cacheté qu’il tira de son portefeuille, et lui dit :
« Je sais que je vais mourir. Je n’ai pour tout parent qu’un neveu dont je vous remets l’adresse. Dès que je serai mort, faites-le lui savoir, et envoyez-lui en même temps la note de ce que vous aura coûté ma maladie. S’il vous paye cette note, faites-lui parvenir ce papier, ainsi que ma canne et mes outils, qui sont l’unique héritage que je laisse. Si, au contraire, il refuse de vous payer, ouvrez ce papier et gardez le tout pour vous. »
Quelques jours après, l’horloger ambulant rendait le dernier soupir.
Après la mort de son hôte, l’aubergiste qui comptait fort peu sur le remboursement de l’argent dépensé pour la maladie du vieillard, hésitait à écrire comme il le lui avait recommandé ; cependant sa femme s’obstina tellement pour qu’il tentât une démarche qui pouvait les faire payer que, à la fin, il se décida ; mais, poste pour poste, le neveu auquel on avait envoyé la facture répondit qu’il renonçait de grand coeur à un héritage qui ne se composait que de quelques guenilles, et d’une note à payer.
Au reçu de cette lettre, Pierre alla trouver sa femme et lui annonça d’un air ironique que définitivement ils se trouvaient propriétaires de la défroque du vieillard. La dame qui, par extraordinaire, est une femme très curieuse, voulut au moins voir ce que renfermait le papier remis par le mourant, et il se trouva que c’était une sorte de testament ainsi conçu :
« Je lègue au porteur de ce papier, ma canne et tout ce qu’il y a dedans. » Tout ce qu’il y a dedans ! La canne était donc creuse ? Il y avait donc quelque chose à l’intérieur ? Extrêmement intrigué par ces derniers mots, Pierre et sa femme s’emparent de la canne, espèce de gros bambou resté dans un coin ; ils en font tourner la pomme, qui se dévisse à merveille, et ils trouvent dans le bâton, quatre pièces de vingt francs et sept mille trois cents francs en billet de banque… »
Sur une autre histoire de canne creuse renfermant un trésor, voir l’article du 24 juillet 2012 : Sancho Panza et la canne aux pièces d’or
Article rédigé par Laurent Bastard, merci