Voici un article proposé par Laurent Bourcier, dit Picard la Fidélité, Compagnon pâtissier resté fidèle au Devoir. En le remerciant pour cette contribution.
Dans l’ouvrage « Voyage à travers la Mongolie et la Chine » de Pavel PIASSETSKY (1843-1919), Librairie Hachette, Paris, 1883, nous découvrons une étrange façon, pour les Européens, de pétrir le pain. Voici l’extrait qui nous intéresse :
« Préparation du vermicelle et pétrissage du pain.
Passant ce jour en compagnie de ma nombreuse suite, j’aperçus au loin, dans une ruelle, des fils jaunâtres suspendus à un cadre ; je les pris pour des écheveaux de fil de soie. Je m’approchai et m’aperçus que ce n’était que du vermicelle. Je m’arrêtais pour examiner de près cette singulière fabrication : un châssis, posé verticalement, est garni à sa partie supérieure de petites tiges de bois auxquelles on attache des anneaux de pâte ; la planchette inférieure, également garnie de petites pointes, est mobile : on peut la soulever et la descendre à volonté.
Supposez cette planche tout en haut, les pieux entrent dans les anneaux de pâte ; à mesure qu’on l’abaisse, la pâte s’allonge en fils minces, et, quand elle arrive tout en bas, le vermicelle est fait, il est même saupoudré de la poussière de la rue. On enlève ce vermicelle et l’on accroche en haut d’autres anneaux de pâte, puis on soulève la planche inférieure, et ainsi de suite. Vous voyez que c’est simple et n’exige ni beaucoup de soins, ni de grands frais.
A côté de ce fabricant était installé en pleine rue un boulanger qui pétrissait sa pâte d’une manière originale. Sur une table basse ou sorte de large banc, appuyé contre le mur de la maison du boulanger, on jette un gros morceau de pâte ; puis le boulanger, assis à l’extrémité d’une perche de bambou, dont l’autre bout est fixé dans le mur de la maison, commence à sautiller sur son bambou, en avançant et en reculant, et toujours de manière que son bâton écrase ou presse la pâte, jusqu’à ce qu’elle soit bien remuée. »
Nous pouvons trouver cette technique très particulière, mais il y a une chose qu’il faut reconnaître, c’est que cette technique est bien plus hygiénique que le pétrissage avec les pieds, comme cela se faisait dans le sud de la France ou encore dans la marine, ou même que le pétrissage à bras, qui voyait sueur – et même parfois morve – tomber dans le pétrin .
Cette technique n’est pas sans rappeler non plus, en France, le pétrissage du pain brie (voir lancienne gravure illustrant cette technique, où intervenait un bras de bois articulé).
Sources : http://www.chineancienne.fr/19e-s/piassetsky-voyage-%C3%A0-travers-la-mongolie-et-la-chine/ et boulangerie.net