Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
Bibliothèque de ressources historiques, culturelles, artistiques, litteraires, sportives…sur la canne et le bâton, en France et dans le monde…
LA CANNE EN CORNE DE LICORNE… OU DE NARVAL

La licorne, animal fabuleux muni d’une longue corne sur le front, a suscité jadis un commerce d’autant plus rémunérateur que l’animal était très rare ! Si rare qu’il n’existait pas. Pourtant, sous le nom de corne de licorne ont été vendues des cornes de narval, cétacé bien réel des mers nordiques, qui possède une corne d’ivoire pouvant atteindre trois mètres.

Voici ce que l’auteur d’un article paru dans « L’intermédiaire des chercheurs et des curieux », volume 5, 10 mai 1869, p. 257-258, nous rapporte sur les cannes fabriquées avec la corne du « narwal » vendue comme corne de licorne.

Il rappelle d’abord que les cornes de licorne étaient payées jadis « à des prix extravagants » et que Benvenuto Cellini en cite une qui avait coûté au pape vingt-sept mille ducats, alors qu’il s’agissait de cornes de narval. « Sa tête, poursuit-il, est armée extérieurement d’une défense qui est cannelée en spirale, comme tordue dans toute sa longueur, et finissant en pointe ; cette défense est longue de sept pieds et davantage (…) et imite l’ivoire, mais on peut l’en distinguer, tant parce que ses fibres sont plus déliées, que parce qu’elle est plus solide, plus pesante que l’ivoire et n’est pas si sujette à jaunir (…).
C’est cette défense osseuse que l’on voit depuis longtemps dans les cabinets des curieux sous le nom de « corne de licorne ». Le naturaliste Valmont de Bomare dit d’ailleurs : « M. le président Ogier, ci-devant ambassadeur de France à la cour de Danemarck, a fait faire des cannes à main de cette sorte d’ivoire. Nous avons observé qu’elles sont aussi blanches, luisantes, dures, et aussi pesantes que si elles eussent été d’ivoire ordinaire ou d’éléphant. » Il est à croire qu’alors elles ne valaient plus vingt-sept mille ducats.

J’ai vu à notre Muséum d’histoire naturelle plusieurs de ces défenses de narwal et aussi une canne, peut-être de celles que M. Ogier avait rapportées de Copenhague. »

Les ressources de l’internet nous permettent d’admirer des cannes en cette matière, qui sont de petites merveilles.

Le site de la galerie d’Antiquités Delalande, au Louvre des Antiquaires, présente de belles photos d’une canne en narval, avec pommeau en corne, confectionnée au XIXe siècle. Elle est longue de 94,2 cm. Une autre, datable du XVIIIe siècle, est également munie d’un pommeau en corne et se trouve dans un présentoir en laiton. Elle mesure 93 cm.

Le site www.naturabuy.fr nous en montre une autre. Il s’agit d’une canne-épée en jonc de Malacca, avec poignée en rostre de narval incrustée de petits clous d’argent. Elle mesure 92 cm de longueur, dont un pommeau de 11,5 cm et une lame à double gorge de 31 cm.

Le site www.canesgas.com nous permet d’admirer une splendide canne de la même matière, de la fin du XVIIIe siècle. Le fût, raboté et poli, laisse voir des marbrures en spirales. Cette canne est munie d’une poignée en métal à décor végétal. Le sommet est orné d’un monogramme et s’ouvre grâce à une charnière sur un petit logement à pilules…ou à poison. Ce qui est d’ailleurs paradoxal, car la corne de narval passait pour déceler les poisons dans les aliments !

Enfin, cerise sur le gâteau ! on admirera sur www.interencheres.tv la magnifique canne de Napoléon Ier, qu’il possédait lors de son exil à Sainte-Hélène. Cette oeuvre d’art, travaillée dans une « dent » de narval fut adjugée 97200 € lors de la vente Empire du 10 juin 2007, organisée par Me Osenat. On visionnera avec intérêt la vidéo de la présentation de cet objet étonnant par M. Jean-Claude Dey, expert.

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci :)

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