Pour exprimer la force immense de certains héros, les contes traditionnels ont eu recours à des épisodes très imagés. C’est le cas de l’histoire de Marko et de Moussa, un récit médiéval des Serviens (Serbes) des provinces danubiennes plus ou moins soumises au sultan d’Istamboul.
Depuis trois ans, ce dernier avait fait jeter en prison Marko, un puissant guerrier. Mais ses provinces étaient dévastées par Moussa, un brigand cruel et invincible. Le sultan se résolut donc à libérer Marko pour qu’il retrouve ses terres s’il parvenait à vaincre Moussa. Mais Marko a perdu ses forces après trois ans de captivité. Il les retrouve cependant en deux jours, après s’être restauré, et pratique un test surprenant avec un bâton de cornouiller :
« Ordonne, ô Sultan ! qu’on m’apporte un bâton de cornouiller, que ce rameau parfaitement sec ait été détaché du tronc depuis neuf ans ; je veux voir si j’ai recouvré ma vigueur. »
Lorsqu’on lui eut apporté le bâton de cornouiller, il le pressa fortement de sa main droite, et deux fois le bois se brisa sous l’effort ; mais il n’en sortit point d’eau. « Par le Dieu de miséricorde ! s’écria Marko, il n’est pas encore temps. » Le héros passa une seconde nuit à l’hôtellerie, et il commençait à se sentir dans la plénitude de ses forces. Alors il demanda de nouveau le cornouiller. Par trois fois le dur rameau se broya sous l’étreinte puissante, et par trois fois on en vit jaillir une goutte d’eau.
Marko dit alors au sultan : « Maintenant je puis combattre. »
Ce récit est rapporté par M. CHOPIN et H. UBICINI dans « L’univers. Histoire et description de tous les peuples : provinces danubiennes et roumaines », 1856, p. 264.
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci