Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
Bibliothèque de ressources historiques, culturelles, artistiques, litteraires, sportives…sur la canne et le bâton, en France et dans le monde…
UNE CANNE QUI PARLE A LA GUADELOUPE (1698)

Au fil des articles de ce blog, nous nous sommes rendu compte qu’une canne et un bâton servaient à tout et étaient porteurs de mille significations. Mais nous n’avions pas encore rencontré de canne qui parle !

Voici à ce sujet l’anecdote rapportée dans l’article publié dans « La Semaine des Familles », n° 19, du 4 février 1860, sous le titre : « Souvenirs de la Guadeloupe – Nicksambo le sorcier ». L’auteur se réfère à un récit du Père Labat, missionnaire et explorateur dominicain (1663-1738), qu’il date d’environ 1698 :

« J’étais très lié avec un directeur de la Compagnie de Danemark, résidant à l’île de Saint-Thomas, et nommé Wanbel. Il me raconta qu’un nègre de ce pays fut convaincu de sorcellerie, et d’avoir fait, entre autres choses étonnantes, parler une petite figure de terre, et, pour ce crime, il fut condamné à être brûlé vif.
Wanbel se trouva sur le chemin du condamné pendant qu’on le conduisait au supplice : « Enfin, lui dit-il, Dieu merci, tu n’effrayeras plus personne en faisant parler ton idole. -Non, monsieur Wanbel, répondit-il ; mais si vous voulez, avant de mourir, je ferai parler la canne que vous tenez à la main. » Les spectateurs demeurèrent interdits. Wanbel pria le juge de surseoir à l’exécution pendant quelques instants, et remit sa canne au sorcier. Il la planta en terre, lui adressa mille adjurations mêlées de prosternations et de formidables évocations au diable. « Que voulez-vous savoir, monsieur Wanbel ? » demanda le sorcier. Le Danois déclara qu’il désirait connaître le sort d’un bâtiment qu’il attendait d’Europe, l’époque de son arrivée, les incidents de la traversée, et le magicien recommença les mêmes cérémonies ; puis s’écartant de la canne : « Approchez-vous maintenant, monsieur Wanbel, et posez vous-même vos questions. » Le Danois obéit, et une voix qui semblait sortir de terre répondit catégoriquement à chacune, clairement, et non en style d’oracle. Les spectateurs prirent note des indications. « Adieu, monsieur Wanbel, dit le sorcier reprenant sa marche funèbre, vous verrez si je n’ai pas dit vrai. » Le jugement fut exécuté, continua le directeur, et tous les détails, dit-on, se vérifièrent trois jours après, quand le navire entra dans le port de Saint-Thomas. »

Une autre canne magique, qui ne parlait pas mais faisait bien parler, aurait été celle du major écossais Weir, en 1670. Voici ce que rapporte à ce sujet Walter SCOT dans ses « Chants populaires des frontières méridionales de l’Ecosse », tome III, Paris, Ch. Gosselin, 1826, p. 149-150 :

« Le major Weir, homme profondément vicieux, voulait en même temps se donner une réputation de sainteté. Il avait coutume de visiter les malades et de les assister de ses prières. Dans ces occasions, il mettait à sa bouche une longue canne qu’il portait habituellement, et s’exprimait alors avec une énergie et une facilité dont il était tout à fait incapable, quand il n’avait pas son bâton inspirateur. Cette circonstance, résultant d’une ruse ou d’une habitude, parut suspecte aux juges, qui firent brûler la canne du sorcier avec sa personne. »

On ne plaisantait pas avec ce genre de chose, autrefois…

Article rédigé par Monsieur Laurent Bastard (ou bien par sa canne ?) …merci :)

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