Nous avons déjà évoqué les cannes des incroyables et des muscadins de la Révolution française. Voici d’autres informations sur ces accessoires qui n’étaient pas que vestimentaires…
Dans la revue « Lectures pour tous » (n° 1 d’octobre 1902), un article intitulé « De l’incroyable au gommeux : les ridicules de la mode masculine » (p. 121-128), l’auteur consacre un passage aux « muscadins, qu’on appelle ainsi à cause de l’odeur de musc qu’exhale leur perruque blonde », et qui étaient des royalistes sous la Terreur.
On y apprend que « à la main gauche, le muscadin porte une marotte ; dans la droite, un énorme gourdin fait de boyaux de boeuf tordus, indispensable pour riposter. » S’agirait-il d’un « nerf de boeuf », dont Grégoire Prudhon nous a rappelé que sa véritable matière était le « membre génital » ? (voir l’article Canne végétale vs nerf de boeuf).
L’auteur de Lectures pour tous poursuit : « Car il est des époques où tout devient tragique, où il faut du courage pour se coiffer d’une certaine manière, où la nuance d’un gilet est un programme et peut vous coûter la vie. Le petit collet qu’on porte en signe de deuil du régime déchu est des plus compromettants. « De qui es-tu en deuil ? » demande en ricanant un sans-culotte à un collet noir. « De toi », répond le collet noir, et d’un coup de gourdin solidement asséné, il étend le sans-culotte raide mort sur le carreau du Palais-Royal. »
L’illustration qui accompagne l’article de Lecture pour tous est légendée : « La « jeunesse dorée » du Directoire. – gravure de Carle Vernet. Engoncés dans l’immense cravate « écrouélique », coiffés de la perruque blonde, muscadins ou incroyables affectaient de paraître débraillés ou contrefaits, par réaction contre les élégances de l’ancien régime. »
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci