Presque tous les hommes politiques d’avant-guerre, jeunes ou vieux, portaient encore une canne, non pas tant pour aider leur marche que comme élément d’élégance.
Pierre LAVAL (1883-1945) n’échappe pas à la règle.

Parlementaire, ministre, maire d’Aubervilliers sous la IIIe République, il est aussi tristement connu comme chef du gouvernement sous le régime de Vichy.
Il avait vite saisi le pouvoir de l’image. Avocat, lancé dans la politique, il compensa l’ingratitude de son visage par le port d’une cravate blanche, des guêtres blanches et une canne à bout recourbé.
Celle-ci devint un élément de sa personnalité, une sorte de fétiche.

Il paraît qu’elle lui sauva indirectement la vie le 27 août 1941, lors d’une cérémonie organisée pour le départ d’un premier contingent de la LVF (Ligue des Volontaires Français) qui allait combattre aux côtés des Allemands.
Un ouvrier ajusteur infiltré dans la LVF tira sur Marcel Déat, autre ministre collaborateur, et Pierre Laval. L’un et l’autre furent grièvement blessés. Laval reçut une balle à l’épaule et une autre près du cœur.
L’Auvergnat aurait dû son salut à l’habitude qu’il avait prise de porter son avant-bras replié sur son gilet, pour accrocher sa canne, selon son biographe Fred KUPFERMAN (Ed. Tallandier, 1987). La balle fut déviée après percussion d’un bouton de manchette.

Mais le 15 octobre 1945 il ne la portera pas, après son procès, et il tombera sous les douze balles du peloton d’exécution…

L’image de Joseph Caillaux (à gauche) et de Pierre Laval (à droite), tous deux portant leur canne le avril 1925 provient du site Gallica de la BnF.
Celle du dessin de Pierre Laval à Vichy est issue du magazine Le Crapouillot, n° 31 sur « Les procès célèbres » (1955, p. 58) et celle de Laval arrêté par les Américains provient du même n°, p. 52.

Article rédigé par Laurent Bastard, merci