Le personnage de Guignol a été inventé vers 1818 par un Lyonnais, Laurent MOURGUET (1769-1844). Fils de tisseur en soie, il monte au tout début du XIXe siècle un théâtre de marionnettes à gaines (les burattini), dans la tradition italienne. Au personnage de Polichinelle, il substitue bientôt des personnages issus du petit peuple de Lyon et invente celui de Guignol.
Il s’agit d’un canut, toujours gai, farceur, frondeur, redresseur de torts. L’un de ses compères est Gnafron, un savetier porté sur la bouteille. Guignol est toujours porteur d’un bâton, d’une batte, plutôt, dont il n’hésite pas à se servir sur le dos du sergent de ville et des puissants et parfois sur celui de sa femme Madelon !
Un article du « Magasin pittoresque » d’octobre 1870 est plein d’indulgence envers Guignol, le donneur de coups de bâton : « On a cru voir dans cet infatigable donneur de coups de bâton le symbole personnifié de la justice sommaire du peuple qui se fait la vengeresse de ceux que la loi ne protège pas efficacement, le redresseur de torts sans peur et sans frein, qui traduit en bastonnades dûment appliquées sur l’échine des puissants et des forts la rancune légitime des faibles opprimés. C’est, selon nous, une singulière erreur. (…) C’est à de bien meilleurs titres que notre Guignol est en possession de la sympathie générale. Enfant du pauvre peuple ouvrier, il en a tous les bons instincts et toutes les mauvaises habitudes ; mais, chez lui, le bien et le mal sont en de telles doses que ses qualités naturelles lui font pardonner les vices de son éducation. (…) Parfois emporté jusqu’à la violence, Guignol, du moins, n’est jamais meurtrier. il a ramassé le bâton de Polichinelle ; mais lorsqu’il lui arrive de le laisser tomber sur les épaules d’un innocent, c’est toujours par erreur et à bonne intention : il se trompe d’adresse en voulant faire justice. »
La gravure du côté intérieur du théâtre est extraite du Magasin pittoresque n° 44, d’octobre 1870 et celle du côté public illustre la couverture du livre de Pierre-Emile LEGRAND : « Un regroleur dit Gnafron, un canut nommé Guignol », Lyon, 1975.
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci
[...] On peut le rapprocher, sous l’angle du héros bâtonneur, avec la marionnette de Guignol (voir l’article du 11-04-2010 : Guignol, un maître du bâton). [...]
[...] tous dans les brumes de notre enfance dont on ne guérit jamais, que Guignol ne se gênait pas pour bâtonner le gendarme dans les éclats de rire et nous venger des pandores dans une vieille tradition saine et [...]