La revue « Le Tour du Monde », volume XLVI de 1883, p. 33 et suivantes, a publié le récit de voyage que le Docteur E. HOLUB effectua en 1875-1879 sur le Haut Zambèze (dans l’actuelle Zambie).
Après avoir rencontré le roi Sepopo (voir l’article : Le voleur Marutsé trahi par son bâton (1875) ) Holub évoque la danse qui lui fut présentée (p. 46). Dans la description du costume des danseurs il n’est pas question de bâton mais la gravure illustrant ce passage nous montre bien qu’il était tenu par eux.
« La danse dont je fus, je l’ai dit, régalé le 26, est un usage mabounda : c’est celle que l’on nomme « kichi » ; on ne l’exécute jamais que sur l’ordre du roi, et rien n’est moins convenable.
Elle est dansée par deux hommes, ou quatre, dont un ou deux sont chargés de représenter un personnage féminin, avec accompagnement des grands tambours de roseau.
Autour des danseurs se tient un groupe de jeunes gens qui scandent le tambourinement en chantant et en frappant dans leurs mains ; de ce groupe se détachent un, puis deux nouveaux danseurs qui, se tournant vers le roi, entament à leur tour leurs contorsions de corps.
La mimique la plus ordinaire consiste en ceci, que l’un des danseurs fait le geste d’aborder l’autre, lequel se dérobe à l’étreinte.
Les costumes employés pour la circonstance sont également la propriété du monarque ; aussi manquent-ils à ma collection. Ils se composent d’un masque, d’une cotte à treillis et d’une ceinture lombaire.
Le masque, modelé en argile et en bouse de vache, est enduit d’ocre rouge et de chaux, et constitue une des branches de l’industrie mabounda. Il est beaucoup plus grand que la tête, qu’il recouvre entièrement, y compris le cou, et ressemble à un casque muni d’une visière rabattue ; de petits trous y sont percés pour les yeux, la bouche et parfois aussi le nez. Sa forme tourmentée et grotesque rappelle la grimace d’une gargouille. Au sommet se trouvent des bosselures ; celle du milieu est ornée de poils d’antilope gno, et les autres portent des aigrettes. Au-dessous de ce masque est la cotte, longue casaque d’écorce fermée sur le corps, avec des manches et des gants pareils ; puis, au-dessous encore, sont de grands bas de même fabrication. Enfin, des hanches à la cheville pend une couverture de laine plissée, et par-dessus, devant et derrière, se met une peau de bête. A part un bouchon de paille que le masque femelle s’enroule, en guise de ruban, autour du cou, l’accoutrement des deux sexes est le même ; les ornements de tête sont seulement plus excentriques chez le mâle.
Ajoutons que, par derrière, à l’anneau de métal dont les hanches sont ceintes, se trouve attachée une sonnette qui tinte aux moindres mouvements.
Cette danse « kichi », qui attire toujours grand nombre de curieux, mais que les enfants n’ont pas le droit de regarder, s’exécute à Chéchéké une fois à peu près par quinzaine. »
Article rédigé Laurent Bastard, merci