Au XIXe siècle, la canne était omniprésente, voire envahissante. Elle avait ses fanatiques, ses collectionneurs, ses poètes, ses lutteurs, ses détracteurs ; elle servait à marcher, compléter sa toilette, attaquer, se défendre, manifester ses opinions… Elle a inspiré les essayistes, tels, en 1842, DEBELLE et DELBES, dans leur « Physiologie de la toilette » (voir l’article : « Une cinquième jambe » (1842) ).
Le dessinateur Abel DAMOURETTE (1812-1883) est allé dans le même sens en publiant sur le mode humoristique une « Physiologie de la canne » en quatre images.
Ces dessins ne sont pas sans rappeler les célèbres estampes de l’imagerie d’Epinal consacrées aux « âges de la vie », où l’homme, presque de l’enfance à la vieillesse, porte une canne en main.
Damourette nous montre successivement : « la canne à pêche » associée à un pêcheur satisfait et ventru, qui pourrait être une allégorie de la paresse ou de la joie de vivre ; ensuite « Une canne pour remuer les broussailles et caresser l’échine des bourgeois » : c’est la canne de marche et d’attaque du vagabond, celle de la violence aussi ; la troisième est la « demi-canne » d’un « demi-homme » : un dandy peu viril ne peut exhiber qu’un modeste attribut, purement décoratif, emblème de sa vanité ; enfin, la « dernière canne » est celle qui soutient le vieillard au soir de sa vie, comme la « troisième jambe » ou la troisième patte de l’être qui faisait l’objet de l’énigme du Sphinx.
Ces gravures illustrent une pleine page d’un numéro de l’hebdomadaire « Le Monde illustré » de 1861.
Article rédigé par Laurent Bastard, merci