Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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UN BATON SUFFIT CONTRE UN ALLIGATOR

A la fin de l’article Chasser le crocodile avec un bâton, nous nous interrogions sur la véracité du récit de 1886, où un Anglais chasse le crocodile du Nil en lui assénant de violents coups de bâton sur le museau. Existait-il d’autres témoignages de ce mode d’attaque ou de défense ? Il semble bien que oui.

Il en est question dans un article sur « Les crocodiles américains » publié par un nommé AUBURON dans l’Edinburgh Philosophical Journal, reproduit en 1827 dans le tome 11 de la « Revue britannique ou choix d’articles traduits des meilleurs écrits périodiques de la Grande-Bretagne », p. 255. Voici ce que rapporte l’auteur, qui situe son récit en Louisiane et sur les rives du Mississipi.

« A l’époque de l’année où les alligators vivent de poissons dans les lagunes, j’ai parcouru, avec mon ami Augustin Bourgeat, les mares où ils se rassemblent, n’ayant qu’un bâton pour les repousser, s’ils avaient été d’humeur à m’attaquer.

Lorsque notre route approchait des lagunes où ces colosses étaient par centaines, j’avoue que je n’étais nullement rassuré, et l’audace de mon ami me paraissait dépourvue de raison. Mais aucun chasseur du pays n’ayant plus d’expérience que lui, mes craintes s’évanouirent bientôt. En se tenant en face du plus formidable alligator, et hors de la portée de sa queue, on pourrait l’assommer à coups de bâton, sans qu’il fût en état de se défendre.

Les conducteurs de bœufs et de mulets ont quelquefois à traverser des lacs ou des criques, pour éviter de longs détours. Dans ce cas, ils ne craignent pas d’aborder les alligators dans leur propre empire ; un bâton suffit pour protéger leur personne et leur bétail. Hommes, bœufs, mulets, alligators, tous se jettent à la nage : le monstre se met à la poursuite de ces grosses proies dont il est très friand ; mais il est arrêté par le bâton protecteur. L’homme s’en escrime avec tant d’adresse que les crocodiles quittent la partie.

Pendant cette lutte, où la force est vaincue par l’adresse, les bœufs se hâtent d’atteindre le bord opposé, et ne sont rassurés que lorsqu’ils touchent la terre, et peuvent échapper, par la vitesse de leur course, à l’effroyable gueule de leur ennemi. »

L’illustration de cet article est une gravure extraite du livre de J. CHAFFANJON : « L’Orénoque et le Caura – relation de voyages exécutés en 1886 et 1887 » ; Paris, Librairie Hachette, 1889, p. 41. On y voit l’explorateur et un guide dans la rivière Abreo, au Venezuela, après qu’un caïman ait renversé leur embarcation d’un coup de queue.

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

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