Dans son ouvrage « Caractéristiques des saints dans l’art populaire » (1867), le Père CAHIER a recensé les représentations de saints associés à un bâton. Parfois, il s’agit d’exprimer qu’ils ont été des pèlerins, parfois qu’ils ont dirigé un monastère, ou bâti des églises, ou accompli quelque miracle avec leur bâton, ou même qu’il s’agit d’évêques dont la crosse est réduite à sa plus simple expression. Il y a aussi le cas des saints porteurs de l’instrument de leur martyre, et le bâton intervient assez souvent.
Voici la liste de ceux dont le bâton fut celui qui les blessa ou les fit mourir glorieusement.
Saint MARC évangéliste, sur les portes de bronze exécutées à Constantinople au XIe siècle pour la basilique romaine de Saint-Paul, est représenté demi-nu, tiré par les pieds à terre et assommé à coups de bâton ou de massue.
Saint THIMOTEE, évêque d’Ephèse, disciple de saint Paul ; 24 janvier 87. Tué à coups de bâton et de pierres par les païens auxquels il reprochait les abominations du culte de Diane.
Saint DIDIER (Desiderius), évêque de Vienne ; 23 mai ; 617. Assommé à coups de bâton et de pierres par ordre de la reine Brunehaut.
Saint AUTONOME, évêque en Italie ; 12 septembre, sous Dioclétien. Tué en Bythinie sur l’autel à coups de bâton.
Saint DOROTHEE, évêque de Thyr ; 9 octobre, sous Julien l’Apostat. Tué à coups de bâton, en Thrace, où il s’était réfugié. Il était âgé de 107 ans.
Saint ONESIME, disciple de saint PAUL, et évêque d’Ephèse ; 16 février. Les membres brisés à coups de bâton.
Saint AUPSIMAS, évêque en Perse ; 3 novembre ; vers 408. Tué à coups de bâton et de pierres sous la persécution de Sapor. Il était dans sa quatre-vingtième année ; et sa taille majestueuse lui attirait les respects de la foule, aussi bien que ses vertus.
Saint THARSICE, jeune acolyte à Rome, martyr ; 15 août, vers 258. Assommé à coups de bâton et de pierres tandis qu’il portait l’Eucharistie à la dérobée.
Saint DOMNIN de Thessalonique ; 1er octobre, sous Maximien. Le corps déchiré à coups de bâton.
Saint MEORTHIS, soldat ; 12 janvier, sous Dioclétien. Frappé durant plusieurs heures, il mourut de ses blessures dans la prison.
Les saints DIDYME et DIODORE, martyrs à Laodicée de Syrie ; 11 septembre, au temps des persécutions païennes. Battus inhumainement par les bourreaux.
Les saints ANDOCHE, prêtre, THYRSE, diacre, et FELIX, leur hôte à Saulieu ; 24 septembre, vers 213. Assommés après diverses tortures.
Saint PHILEMON, soldat, martyrisé à coups de bâton ; 23 novembre, sous Néron.
Saint FLORIAN guerrier, martyr ; 4 mai, vers 293. Frappé de bâtons. Ce fut un des tourments qu’on lui infligea pour le forcer à honorer les idoles, avant de le précipiter dans l’Ens (Autriche supérieure d’aujourd’hui).
Saint BENIGNE de Dijon, martyr, apôtre de la Bourgogne ; 1er novembre, vers 169. On pourrait prendre pour un bâton la barre de fer qui se voit souvent à la hauteur de ses épaules, parce qu’entre autres barbaries, le juge ordonna qu’on lui rompît le cou. Quelquefois cette barre de fer prend la forme d’une massue.
Sur les saints porteurs d’un bâton ou d’une massue, emblème de leur martyr, voir les articles : La massue de saint Jacques le mineur et La massue de saint Jude.
L’illustration du présent article est un détail du tableau d’Albrecht ALDORFER : « Le martyre de saint Florian » (1520), conservé à la Galerie des Offices de Florence. On remarquera le bâton tenu par l’un des bourreaux, avant que Florian soit précipité dans le fleuve, une meule à moudre attachée au cou pour qu’il se noie à coup sûr.
Article rédigé par Laurent Bastard, merci