Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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La canne vue par Louis-Sébastien Mercier à la fin du XVIIIe siècle

Canne au XVIIIe siècle

L’écrivain Louis-Sébastien MERCIER (1740-1814) est resté célèbre pour son « Tableau de Paris », publié entre 1781 et 1788, qui décrit par le menu les comportements du peuple et des grands de son temps, dans la capitale. C’est un témoignage précieux pour les historiens.

Il consacre dans le premier tome, publié en 1782, tout un chapitre à la canne, dont j’ai retrouvé cet extrait dans le Dictionnaire des arts décoratifs de Paul Rouaix (1885), à l’article « canne », qui débute ainsi :

« Le XVIIIe siècle paraît être, par excellence, le siècle de la canne. L’habitude de l’épée passait de mode : les seigneurs portaient et l’épée et la canne. Mais une foule d’enrichis de la Régence et des affaires de la Banque des Indes, n’ayant pas droit à l’épée, se servaient de la canne pour avoir un maintien. L’habitude s’en généralisa. Les cannes sont nombreuses parmi les seigneurs de la cour qui entourent Louis XVI à l’ouverture des Etats généraux.
Dans son Tableau de Paris, Mercier consacre tout un chapitre à la canne : « Elle a remplacé l’épée qu’on ne porte plus habituellement, dit-il. On court le matin une badine à la main ; la marche en est plus leste et l’on ne connaît plus ces disputes et ces querelles si familières il y a soixante ans, et qui faisaient couler le sang pour de simples inattentions… On n’aurait réussi qu’avec peine à interdire le port des armes : le Parisien s’est désarmé de lui-même pour sa commodité et par raison… Les femmes ont repris la canne qu’elles portaient dans le XIe siècle. Elles sortent et vont seules dans les rues et sur les boulevards, la canne à la main. Ce n’est pas pour elles un vain ornement ; elles en ont besoin plus que les hommes, vu la bizarrerie de leurs hauts talons qui ne les exhaussent que pour leur ôter la faculté de marcher. La canne à bec de corbin disparaît peu à peu et ne se verra bientôt plus que dans la main du contrôleur ou directeur des finances qui seul est dans l’usage d’entrer ainsi chez le roi. »

Paul Rouaix a légèrement modifié le texte de Mercier en supprimant quelques mots et lignes. On pourra consulter dans son intégralité le chapitre XCIII intitulé « Canne » du Tableau de Paris, tome I, 1782, p. 293 à 295, en version numérisée, sur www.books.google.fr

L’illustration représente la silhouette d’un contemporain de L.-S. Mercier, l’écrivain Ramond de Carbonnières (1755-1827), qui porte une canne à la mode de son temps.

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci ;)

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