Jean-Baptiste Théodore (dit Théodore) BOTREL, né à Dinan en 1868 et décédé à Pont-Aven en 1925, a connu une immense succès comme auteur-compositeur (on lui doit la chanson « La Paimpolaise ») et aussi interprète. Presque toute son oeuvre est inspirée par la Bretagne et ses habitants, mais il a aussi composé des chansons patriotiques.

Il n’est donc pas étonnant de découvrir sous sa plume une chanson intitulée « Mon Pen-bas », ce fort bâton que portaient tous les Bretons autrefois.
Publiée dans le recueil « Chansons de chez nous » (plusieurs éditions de son vivant entre 1898 et 1926), elle fut recueillie et peut-être arrangée par Botrel. Voici le texte qui figure dans l’édition Fortin, à Paris, de 1942, sur l’air : Les Sabots de la Duchesse Anne.

Botrel précise en note : « Prononcer penn-baz (bâton pour casser les têtes). »

« Ici-bas je vagabonde
Avec mon pen-bas !
Pour défenseur, en ce monde,
J’ai mon bon pen-bas.
C’est un fier morceau de chêne,
Mon pen-bas, mirlitontaine !
Ah ! Ah ! Ah !
Hardi ! Hardi ! mon pen-bas !

Il me vient de mon grand-père
Ce fameux pen-bas :
Il fracassait, à la guerre,
A coups de pen-bas,
Têtes et bras par centaine,
Sans pitié, mirlitontaine,
Ah ! Ah ! Ah !
Hardi ! Hardi ! mon pen-bas !

Une nuit d’hiver ben sombre,
- j’avais mon pen-bas ! -
Un loup m’attaqua dans l’ombre :
Levant mon pen-bas,
Je l’étendis dans la plaine
D’un seul coup mirlitontaine,
Ah ! Ah ! Ah !
Hardi ! Hardi ! mon pen-bas !

Lorsqu’autour de ma Fanchette,
Malgré mon pen-bas,
Un galant rôde en cachette,
Je prends mon pen-bas
Et chez lui je le ramène
Lestement, mirlitontaine,
Ah ! Ah ! Ah !
Hardi ! Hardi ! mon pen-bas !

Si vous êtes gueux ou bête,
Ayez un pen-bas
Et chacun vous fera fête
Crainte du peine-bas :
Bon poignet vaut bourse pleine
Ici-bas mirlitontaine
Ah ! Ah ! Ah !
Hardi ! Hardi ! mon pen-bas !

Quand je mourrai, dans ma bière
Mettez mon pen-bas,
Car, là-haut, le bon Saint-Pierre,
Voyant mon pen-bas,
M’ouvrira son grand Domaine
Sans grogner, mirlitontaine,
Ah ! Ah ! Ah !
Hardi ! Hardi ! mon pen-bas ! »

Le premier couplet noté et le dessin du Breton à l’entrée du Paradis sont extraits de l’édition de 1942. Le portrait de Théodore Botrel figure sur l’encyclopédie Wikipédia.

Sur le pen-bas, voire aussi l’article du 16-4-2011 : « Le Peunbaz et le bâton du Tad-koz« .

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci