Les auteurs de récits de voyage en Italie, au XIXe siècle, ont fait mention d’une éminente relique conservée en la cathédrale Saint-Janvier de Naples : le bâton de saint Pierre.

Ce bâton aux pouvoirs miraculeux, nous l’avons déjà rencontré (voir l’article : Le bâton de saint Pierre ressuscite saint Materne). On disait qu’il avait été démantelé pour être conservé pour partie à Trèves et pour partie à Prague. En fait, il serait demeuré à Naples. A moins que saint Pierre en portât plusieurs…

Toujours est-il qu’en 1847, l’abbé J. GAUME publie « Les trois Rome, journal de voyage en Italie », où il décrit les merveilles qu’il a vues dans les édifices religieux, dont le fameux bâton du premier pape :

« Nous visitâmes les insignes reliques conservées à la sacristie de la cathédrale : celle qui intéresse le plus vivement est le bâton de saint Pierre. La tradition constante de l’église de Naples, confirmée par les monuments de l’histoire, enseigne que le pêcheur galiléen, se rendant à Rome, débarqua sur les côtes de l’Adriatique, traversa la Campanie et arriva par Nole à Naples, l’an 45 de Jésus Christ. Reçu dans cette dernière ville par une dame nommée Candide, l’Apôtre la convertit et la baptisa.

Quelques jours après, Asprémus, mari de Candide, tomba dangereusement malade. Saint Pierre fut prié de venir le voir ; mais au lieu d’y aller il fit porter son bâton à Asprémus, en lui disant de venir lui-même le trouver. Asprémus prit le bâton, se leva, fut guéri, et devint le premier évêque de Naples.

Quand on réfléchit qu’à la naissance de l’Eglise, les plus étonnants miracles étaient nécessaires (…) y a-t-il lieu de s’étonner qu’un objet, tant de fois touché par les mains de l’Apôtre, ait joui de la même vertu ? Ce bâton qui, de nos jours encore, a été l’instrument de plusieurs miracles, peut avoir trois pieds et demi de longueur. Il est droit, rond, d’un bois qui ressemble à l’olivier, et orné à la partie supérieure d’une pomme, ou, pour mieux dire, d’un chapiteau en os. On le conserve dans un étui d’argent percé de distance en distance d’ouvertures garnies de cristal, qui permettent de le voir.

Avec quelle crainte respectueuse, quel inexprimable bonheur le pèlerin catholique prend en ses mains, et couvre de baisers, ce vénérable témoin des fatigues de la miraculeuse présence du grand pèlerin de l’Evangile ! »

Nous n’avons pu savoir si cette relique était toujours présente et vénérée en la cathédrale de Naples. Un lecteur connaissant bien l’Italie pourrait-il le confirmer ?

L’illustration représente saint Pierre couvert de la tiare et tenant son bâton à la main. Il s’agit du détail d’un triptyque de l’église Sancta-Maria-in-Albis de Breil-sur-Roya (Alpes-Maritimes). Elle figure dans le beau livre de Véronique Azire : « A la découverte des petites églises de France » (Ed. Selection du Readest Digest, 1999 ; phot. J.-P. Paireaul et L. Truchy).

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci