Les épreuves du baccalauréat et autres examens révèlent régulièrement des fuites, anti-sèches et autres tricheries. Mais cela ne date pas d’hier ! Le peintre Anne-Louis GIRODET (Montargis, 1767 – Paris, 1824) a dû son grand prix de Rome, et le séjour dans la ville des artistes qui a suivi, à une tricherie commise grâce à sa canne !

Voici ce que rapporte en 1829 son biographe, Coupin de la Couperie, dans sa « Notice historique sur la vie et les ouvrages de Girodet », reprise par Charles Blanc dans son « Histoire des peintres de toutes les écoles », tome III (1863).

« A l’âge de vingt ans, Girodet fut admis à concourir pour le grand prix ; mais comme il avait enfreint le règlement qui défend aux élèves, lorsqu’ils sont en loge, de rien apporter du dehors et de préparer chez eux leurs études, il fut mis hors concours. L’année suivante, il obtint le second prix ; enfin, au troisième concours, il fut couronné : c’était en 1789.

Le sujet proposé était « Joseph reconnu par ses frères ». Cette fois, il usa encore de supercherie, ainsi que le font, au reste, presque tous les élèves, mais il s’y prit plus adroitement. Depuis le concours d’où il avait été exclu, il affectait de porter une grosse canne ; cette canne était creuse, et ce fut par ce moyen qu’il parvint à introduire ses études dans sa loge.

Après le jugement, l’un de ses concurrents, Gérard, son camarade et son ami, prenant cette canne des mains de Girodet, lui dit en riant : « C’est le cheval de Troie ! – Oui, répondit Girodet, mais il fallait s’en emparer pendant que les Grecs y étaient encore. »

L’illustration est un autoportrait de Girodet, repris en 1853 par le peintre Paul Carpentier. Il est visible au musée Girodet, à Montargis (Loiret) et sur son site www.musee-girodet.fr.

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci