Le vieux mot français « écot » (escot) désignait un tronc d’arbre où il restait des bouts de branches coupées. Ce pouvait être aussi un menu morceau de bois tombé à terre.
Dans le vocabulaire de l’héraldique, un blason « écoté » montrait « des troncs et branches de bois dont les menues branches ont été coupées » (Ménestrier : La nouvelle méthode raisonnée du blason (1696). La commune d’Ecot-la-Combe (Haute-Marne) a d’ailleurs un blason « d’argent à un écot de sable (noir) posé en pal (verticalement), au chef de sinople (avec le haut de couleur verte). D’autres communes portent ce nom : Ecot (Doubs), L’Ecot (Savoie), Les Ecots (Calvados)…
Donc, un écot est une sorte de bâton.
Le mot « écot » a servi à en former un autre : « écoperche », c’est-à-dire un écot en forme de perche, dont les formes médiévales sont « escouberge », « escoberge », « escauperche ». Il s’emploie dans la construction des bâtiments, où il revêt deux sens.
Il désigne un engin de levage des matériaux, formé d’une haute perche pouvant atteindre 12 mètres de longueur sur 30 à 40 cm de diamètre, à un bout de laquelle on attache quatre cordes. On fixe au sol les autres extrémités des cordes tendues ou haubans. Lorsque l’on veut élever une charge on détend deux cordes pour abaisser l’écoperche, attacher la charge à une troisième, puis des ouvriers retendent les cordes et l’écoperche se redresse en élevant les matériaux ou le matériel jusqu’au niveau souhaité. C’est une sorte de grue, à laquelle on adapte souvent une poulie.
Le mot s’emploie aussi pour désigner des perches de plusieurs mètres de hauteur qui vont constituer des échafauds (aujourd’hui on emploie le terme « échafaudage », mais il désignait au XIXe siècle l’action d’échafauder et non la construction elle-même). A ces perches dressées, on noue à différentes hauteur d’autres perches placées horizontalement, qui sont fixées dans le mur en construction ou en ravalement. On les appelle des « boulins ». On y pose des planches pour que les maçons s’y déplacent.
Ecoperches et boulins étaient généralement en pin ou en sapin, ces arbres poussant en général bien droit, étant assez légers, bon marché et solides.
Les échafaud(age)s de ce type ont été remplacés à partir des années 1960 par des dispositifs en acier, pour des raisons de sécurité. En revanche, en Extrême-Orient, on construit toujours avec des écoperches et boulins en bambou.
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci