Voilà une caricature qui appelle quelques explications. Dans la série « Le Pilori », le dessinateur-caricaturiste Hippolyte MAILLY publia sous le second Empire et sous la Commune une série de portraits de personnalités politiques et autres, placées dans un pilori et censées être exposées au public comme des malfaiteurs. Parmi ces dessins figure le n° 15, qui est accompagné de la légende suivante :
POLYTE CARTIER
DIT DE VILLEMESSANT.
A VENDRE AU PLUS OFFRANT.
PROFESSEUR DE SAVATTE (sic) ET DE BATON. »
Il s’agit de Jean Hippolyte CARTIER, enfant naturel du colonel Cartier, qui s’enoblit en adoptant le nom de sa mère : Delaunay de VILLEMESSANT (1810-1879). Journaliste et patron de presse, il lança « Le Figaro » en 1854. Il connut divers procès sous le second Empire et se fit des ennemis de tous les bords politiques, au point qu’Henri Rochefort lui attribua cette devise cinglante : « Honnête ne peux, Probe ne veux, Vil me sens ».
Interdit dès la guerre franco-prussienne de 1870, il le fut aussi en 1871 par la Commune de Paris et ne reparut qu’avec le retour de Thiers. La gravure doit dater de la Commune ou entre 1870 et 1879, année du décès de Villemessant.
La légende de l’estampe le présente comme un vendu (« A vendre au plus offrant »), un indicateur de la police (d’où le mot « Roussin » écrit sur son front) et un « professeur de savatte et de bâton ». Comment interpréter ce dernier qualificatif ? Est-ce pour signifier qu’il s’agissait d’un patron de presse batailleur ? Est-ce pour indiquer qu’il enseignait la manière de donner des coups, et surtout selon des techniques moins nobles que s’il s’était agi d’escrime ?
Qu’en pensent les visiteurs du site ?
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci
Merci également à Patrick Fonteneau d’avoir exhumé de sa collection cette curieuse gravure à l’attention du CRCB.