Il s’agit d’un long bâton que l’on utilise sur une embarcation légère (barque, barge) pour la propulser sur des cours d’eau, un étang, un lac, la mer non loin des côtes. L’extrémité de la perche enfoncée dans l’eau touche le fond et celui qui la tient impulse un léger mouvement d’arrière en avant pour faire avancer l’embarcation. Ce geste, simple en apparence, demande une certaine expérience car il ne faut pas s’accrocher à la perche tandis que le bateau avance, sous peine de chuter dans l’eau. il faut la ramener rapidement vers soi et la retirer du fond. L’opération est assez fatiguante.
C’est ce qui ressort des trois illustrations extraites d’un récit pour enfant intitulé « La première chasse », publié dans le « Magasin d’éducation et de récréation » sous la direction de Jules Verne et Jules Hetzel en 1888 (p. 208, 232, 233). On voit un jeune enfant tomber dans un cours d’eau lors d’une chasse au canard.
La longueur de la perche est calculée en fonction de la profondeur du fond. Nous n’avons pas de précisions sur les bois employés, mais il faut évidemment que la perche provienne de longues branches assez droites, comme des rejets de châtaignier.
Contrairement à une idée reçue, les gondoliers vénitiens n’utilisent pas une perche mais un aviron d’environ 4, 20 m, car le fond de la lagune est trop profond.
On trouvera dans un roman de Paul FEVAL (1816-1887) intitulé « Les Belles de nuit », publié en 1850 puis repris en 1862, le récit d’un sauvetage lors d’une inondation en Bretagne, où les deux conducteurs d’un chaland manient leur perche sur les eaux de l’Oust, mais qui ont du mal à en quitter le lit, trop profond, pour atteindre les terres submergées où leur perche a prise. L’écrivain emploie le mot « percher » pour désigner l’action de celui qui conduit l’embarcation :
« Le bac où René de Penhoël venait de monter en compagnie de Benoît Haligan, le sorcier, était un lourd et grossier chaland qui avait fait un long service (…). La perche de René, trop courte, touchait à peine le fond du lit de l’Oust (…). Le maître de Penhoël faisait des efforts incroyables pour arrêter ou changer la marche du bateau ; mais il était toujours dans le lit de l’Oust, et le fond lui manquait. Il cessa de percher et prêta l’oreille. Les cris de détresse ne parvenaient plus jusqu’à lui. Alors il jeta la perche au fond du chaland et s’assit, découragé, sur le bord (…). – Eh bien ! pourquoi ne prenez-vous pas la perche ? – Parce que vous ne me l’avez pas ordonné (…). Le passeur prit dans un coin du bac la pelle à épuiser l’eau et s’en servit comme d’une rame, pour quitter enfin le lit de la rivière où la perche n’aurait pas trouvé le fond. La lourde barque céda lentement à l’effort, tourna une dernière fois sur elle-même et entra dans des eaux plus tranquilles (…). Tout en parlant, il perchait avec zèle. »
Le texte complet du roman, et en particulier du chapitre VIII (Le Déris), p. 21, est consultable sur Google.livres.
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci