Presque toutes les polices utilisées en imprimerie présentent des empattements, c’est-à-dire de petites extensions qui terminent un caractère. Il en est ainsi, par exemple, de la police « Times ».
Celles qui ne présentent pas d’empattements, ni de pleins et déliés, s’appellent des « caractères bâton » ou des « linéales », ou encore des « antiques ». Les Anglais disent des « sans serif » et les Allemands des « Grotesk ».
On les classe dans la catégorie des « antiques » parce qu’elles ont été inspirées de l’écriture lapidaire grecque du IIe siècle avant J.-C.
Parmi les polices « bâton », on peut citer : Akzidenz-Grotesk (1896), Futura (1927), Univers (1954), Helvetica (1957) ou encore Arial, qui est inspirée d’Helvetica. La date entre parenthèses est celle de leur création.
Mais les premiers caractères « bâton » sont apparus en 1816. Ils n’ont cependant pas été beaucoup utilisés et n’ont connu un essor qu’au début du XXe siècle, pour revenir à plus de simplicité après des décennies de polices de plus en plus compliquées.
Les polices « bâton » sont très lisibles. Elles s’utilisent surtout pour les titres et textes publicitaires. Elles sont préconisées pour les cartels des musées ou pour la signalétique, notamment pour les personnes mal-voyantes.
Le mot « bâton » connaît un autre sens en typographie et a donné naissance à une expression. Citons Eugène BOUTMY et son fameux « Dictionnaire de l’argot des typographes » (1883), p. 81 :
« JACQUES (ALLER A SAINT-), voir : Faire des bourdons. « Un compositeur que l’on envoie à Saint-Jacques, dit Momoro, est un compositeur à qui l’on indique sur ses épreuves des remaniements à faire, parce que celui qui corrige les épreuves figure avec sa plume une espèce de bourdon aux endroits omis pour indiquer l’omission. » C’est sans aucun doute de cette grossière représentation de l’espèce de long bâton sur lequel s’appuyaient les pèlerins à Saint-Jacques-de-Compostelle que vient le mot BOURDON. Il faut ajouter que l’expression « Aller à Saint-Jacques » est actuellement presque inusitée. »
Quant au mot « bourdon », il est ainsi défini : « BOURDON. n.m. Omission d’un mot, d’un membre de phrase ou d’une phrase. Ces omissions exigent souvent un grand travail pour être mises à leur place quand la feuille est en pages et imposée dans les châssis. Le bourdon défigure toujours le mot ou la phrase de façon plus ou moins complète. »
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci