Au fil des articles de ce blog, nous avons pu voir que le bâton avait toujours été enseigné et pratiqué en tant que jeu et arme de guerre, depuis l’Antiquité. En voici une autre occurence, figurant dans un texte gallois du Moyen Age, le « mabinogi de Pérédur » (les mabinogi sont des contes médiévaux gallois). Ce conte a inspiré le Perceval de Chrétien de Troyes puis le Parcival de Wolfram d’Eschenbach.
Le résumé de l’épisode qui nous intéresse a été fait par G.A. HEINRICH dans « Le Parcival de Wolfram d’Einsenbach et la légende du saint Graal » (1855), p. 157-158.
« L’oncle du jeune Gallois lui demande s’il sait manier l’épée : « Je ne le sais pas, dit Pérédur, mais je le saurai bientôt si on me l’apprend. – Qui sait manier le bâton peut aussi manier l’épée », dit le vieillard. Et il appelle ses deux fils, dont l’un avait les cheveux blonds, l’autre les cheveux noirs ; il leur fait commencer une joute avec le bâton et l’écu. « Chère âme, dit le vieillard à Pérédan, lequel des deux jeunes gens trouves-tu le plus fort ? – Je pense que si le jeune homme aux cheveux blonds le voulait, il tirerait du sang à son frère. – Eh bien, prends le bâton du jeune homme aux cheveux bruns, et essaye de vaincre le jeune homme aux cheveux blonds. »
Pérédur commence le combat, et d’un coup de bâton fait à son adversaire une telle blessure que l’un de ses sourcils retombe sur son oeil, et que le sang coule en abondance. « A merveille, dit le vieillard ; reviens, chère âme, t’asseoir auprès de moi ; car un jour nul guerrier, dans cette île, ne maniera l’épée mieux que toi. »
Et G. Heinrich, choqué de cette violence pratiquée en famille, commente : « Peu importe au vieillard que le sang de son fils ait coulé, il est heureux, puisqu’il a vu bien faire ses armes ; et dans sa joie il ne se souvient plus qu’il est père. »
L’illustration représente un combat de chevaliers, miniature reproduite en couverture des Romans de la table ronde (Livre de Poche).
Article proposé par Laurent Bastard. Merci