Le Dictionnaire universel français et latin, de Trévoux (1732) définit le « bâton de la croix » comme « un bâton qui sert à porter la croix dans les processions ».
Puis il définit le BATON DE CONFRERIE : « c’est un semblable bâton, qui sert à porter aux processions l’image de quelque saint, ou la représentation de quelque mystère, pour le faire voir au peuple ; et l’on appelle une fête à bâtons celle où on célèbre la fête du saint qui est au bout de ces bâtons. »
On trouve notamment à plusieurs reprise les termes de « fête à bâtons » dans l’oeuvre de Rabelais : « Un jour de fête solennelle à bâtons, les bourgmestres, syndics (…) étaient allés (…) voir la fête en Paimanie. » (Livre IV, chap. 45) ; « Comme fait la grande marmite de Bourgueil, quand y est fête à bâtons » (Livre V, chap. 44). Certains commentateurs pensent qu’il s’agissait de bâtons de chantres (ceux qui dirigent les chants lors des messes), « espèces de bourdons couverts d’une feuille d’argent » ou dorés.
Deux des illustrations ci-jointes représentent des bâtons de confrérie. L’un, en osier, nous montre saint Antoine, patron des vanniers ; il a été confectionné dans les années 1970 par le compagnon vannier Sylvian Dupont. L’autre est celui de la confrérie des tourneurs et date du XVIIIe siècle ; on y voit un artisan au travail. Il est conservé au musée Saint-Jean d’Angers.
Le Dictionnaire de Trévoux poursuit avec la définition de BATONNIER : « Celui ou celle qui ont en garde pendant un temps le bâton d’une confrérie et qui le portent ou le suivent en procession.
Bâtonnier, en terme de Palais, est un ancien avocat qu’on choisit tous les ans dans l’ordre du tableau, pour être le chef de la communauté des avocats et procureurs, pour être maître de leur chapelle et de leur confrérie, et présider au siège qu’ils tiennent pour entretènement de la discipline du Palais et des règlements. »
La communauté des avocats et leur chapelle ont disparu avec la Révolution, mais la fonction de bâtonnier existe toujours. Elu pour deux ans par les avocats d’un barreau, le bâtonnier est leur porte-parole, un conciliateur, un arbitre des litiges ; c’est lui qui désigne les avocats commis d’office.
Le bâton de confrérie est à rapprocher de la HAMPE, long manche au bout duquel flotte un drapeau ou une bannière. C’est aussi le bois d’une lance, d’une hallebarde, d’une croix. L’illustration représente la bannière de la communauté des cordonniers d’Epernay (Marne), où l’on voit l’un de leurs outils, le « couteau à pied ».
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci