La teinture des fils de soie, laine ou coton en écheveaux ou en mateaux (paquets de fils en forme de grosse corde fermée) s’effectuait jadis dans de grandes cuves où l’on mélangeait dans de l’eau chaude les matières tinctoriales et autres ingrédients.
Le « Nouveau manuel du teinturier » par A. D. VERGNAUD, paru chez Roret en 1837, décrit des procédés qui n’avaient guère évolué depuis des siècles. Il indique en particulier que « Lorsque la laine est en écheveaux, on passe des bâtons dans chacun de ces écheveaux, et la manoeuvre est la même que pour la soie et le fil. Elle consiste à faire tourner sur les bâtons dans le bain les mateaux de soie, et les écheveaux de fil ou de laine ; c’est ce qu’on appelle « liser » ou « lisser » ; l’on donne au bâton le nom de « lisoir ».
Ailleurs, Vergnaud indique qu’un atelier de teinturier doit au moins comprendre « six lisoirs assortis, en bois blanc ». D’autres auteurs écrivent « lissoirs » et « bâtons à lisser ».
Ces bâtons ne devaient pas excéder deux mètres pour être plongés dans les cuves et être manipulés sans trop de peine, car un mateau de soie pesait cinq kilos. Ils étaient en bois blanc (hêtre, peuplier), c’est-à-dire en bois peu chargés en tannin, pour ne pas colorer le bain et les fils. Il était exclu d’employer d’autres matériaux, tels des métaux, qui auraient aussitôt réagi en présence des substances chimiques des bains de teinture.
Lorsque les fils ou les étoffes étaient teints, ils étaient accrochés sur des perches pour s’égoutter et sécher. La soie, notamment, était étendue « sur une perche suspendue et mobile, qu’on appelle branloire, qu’on tient agitée pour accélérer la dessication ».
Les teinturiers employaient aussi des bâtons à bouts émoussés pour mélanger les teintures et enfoncer les étoffes dans les bains.
La gravure illustrant cet article représente un teinturier ; un bâton est posé sur la cuve. Elle est l’oeuvre de Jost Amman (1539-1591), à qui l’on doit de remarquables gravures sur les métiers en Allemagne au XVIe siècle..
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci