Peut-on parler des arts du bâton sans mentionner les Arts Martiaux japonais ? En effet le bâton est un des Kobudo (disciples martiales traditionnelles) majeur enseigné aux Samouraïs depuis des temps immémoriaux. En particulier le Bô (grand bâton de 1m80) qui apparait souvent dans différentes représentations picturales anciennes présentant des Samouraïs mythiques (ou des déïtés) armés du grand bâton.
Mais de nos jours la pratique de cette arme très contraignante car elle demande beaucoup d’espace et une très bonne condition physique, cède le pas au Jô (trad. : bâton court). L’arme est un bâton cylindrique (et pas tronconique) généralement en chêne (mais pas que) de 128 cm (mais on en trouve jusqu’à 140 cm de long). Son diamètre varie de 2 à 3 cm et son poids de 400 à 900 grammes.
Son enseignement fait référence à deux filiations bien distinctes :
- d’une part le Jôdô (voie du bâton) qui est une « escrime » créée et codifiée au dix-septième siècle et basée sur des techniques de défense contre un sabre.
- d’autre part l’Aïki-jo qui désigne la pratique du Jô en Aïkido, issue de l’art de la lance Hozoin que Morihei Ueshiba (fondateur de l’Aïkido) avait étudié avec Sokaku Takeda.
Le Jôdô est surtout connu par l’école Shindo Muso Ryu Jojutsu (Cf. article la canne dans le Kobudo).
Son fondateur Muso Gonnosuké Katsuyoshi était un samouraï de l’école Tenshin Shoden Katori Shinto Ryu, très fameux à son époque (le XVIIème siècle). L’histoire mythique raconte qu’il était un grand spécialiste du Bô (grand bâton de 1m80) quand qu’il fut battu en duel par le génie du sabre (et du double sabre), Miyamoto Musashi.
Suite à cette défaite, Miyamoto Musashi lui ayant laissé la vie sauve, Muso Gonnosuké Katsuyoshi se retira dépité sur le Mont Honman ne songeant qu’à laver cette humiliation insupportable. Après de longues recherches et méditations (et une révélation mystique), finalement il créa et codifia le Jojutsu. Il aurait ensuite provoqué Miyamoto Musashi en duel une seconde fois et l’aurait enfin vaincu avec son Jô (Ce qui aurait été la seule et unique défaite de Miyamoto Musashi), lui laissant aussi la vie sauve…
L’Aïki-jo n’est apparu qu’au vingtième siècle, mais ne fait pas officiellement partie de l’enseignement de Morihei Ueshiba(fondateur de l’Aïkido).
C’est en marge, après avoir étudié l’art de la lance Hozoin avec Sokaku Takeda, que Morihei Ueshiba continua ses recherches pour mettre cette pratique en cohérence avec l’aïkido à mains nues. Quelques disciples proches (dont Morihiro Saito) furent associés à ce travail de recherche qui leur servit plus tard comme approche pédagogique de l’Aïkido pour travailler les directions, varier les distances, etc.
Finalement c’est Morihiro Saito, disciple direct de Morihei Ueshiba et fondateur de la branche Iwama Ryu de l’Aïkido qui codifia cette discipline avec notamment le « kata des 31 mouvements » (ou « kata 31 »).
Dans cet enseignement on note trois approches :
- Jo Nage : où le défenseur armé d’un Jô se débarrasse sans violence d’un agresseur à mains nues qui tente de se saisir de l’arme, en le projetant et/ou l’immobilisant grâce à son Jô.
- Jo Dori : cette fois le défenseur à mains nues se défend en projetant et/ou en immobilisant un agresseur armé d’un Jô.
- Kumi Jo : les deux protagonistes sont chacun armés d’un Jô…
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Article rédigé par Luc Dumas. Merci
NB: un petit salut à mes amis Luc Antoine Salmont (6ème Dan Jodo) et Luc Beurel (5ème Dan Jodo) qui enseignent au prestigieux club Budo11 de Paris FM