Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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LACENAIRE ET LE MAITRE DE BATON

Le fameux Pierre LACENAIRE est entré dans l’Histoire comme escroc, faussaire, écrivain raté et assassin accompli. Né en 1803 à Francheville, près de Lyon, il mourut sur l’échafaud, à Paris, en 1836. Il a été incarné par l’acteur Marcel Herraud en 1945, dans le film de Marcel Carné « Les Enfants du Paradis ».

L’avocat, journaliste et écrivain martiniquais Jean-Baptiste THOMAS, qui signait Victor COCHINAT (1819 ou 1823-1886), lui a consacré une biographie sous le titre : « Lacenaire : ses crimes, son procès et sa mort, d’après des documents authentiques et inédits » (1864).
Il nous apprend qu’à Paris, au début des années 1830, Lacenaire et ses amis étudiants fréquentaient un douteux personnage appelé le père Soubise, qui cumulait les activités de gargotier, croupier clandestin, limonadier marron, raccomodeur de vieilles armes, brocanteur, éleveur de poules et de lapins, etc. Cet individu était aussi un bâtoniste, qui apprit son art à Lacenaire :

« Incapable de se livrer complétement au repos, ne fût-ce qu’un quart d’heure, sa seule distraction était le maniement ou l’enseignement du bâton, son arme favorite. Lacenaire, son élève chéri, éprouvait le plus grand plaisir à le faire causer sur les avantages qu’on pouvait retirer de cet art, et lorsqu’il était parvenu -chose toujours facile- à amener le professeur sur ce sujet, le père Soubise ne reculait devant aucune hyperbole.
- On ne sait pas quelle est la puissance d’un moulinet en pleine branle, disait-il un jour à Lacenaire ; tenez, en Russie… – il faut qu’on sache que le conteur prétendait avoir fait toutes les campagnes de l’Empire ; – en Russie j’ai arrêté, pendant plus d’un quart d’heure, avec une simple canne ferrée, dix Cosaques qui tournoyaient autour de moi comme des corbeaux, et aucun de ces mangeurs de chandelles n’a pu m’atteindre de sa lance. J’en tuai deux et blessai grièvement trois ou quatre à la tête…
- Et les autres, lui répondit sceptiquement Lacenaire, que devinrent-ils ?
- Les autres ! je les étourdis de coups à la tempe. Et ils prirent la fuite… Je vous réponds qu’après cette petite séance je n’avais pas froid, malgré la neigne qui m’aveuglait ! …
- Mais, avec une pareille dextérité et une telle puissance dans le poignet, vous auriez pu, par vos évolutions, parer cette neige-là, et l’éloigner de vos yeux ?
- Parer la neige, c’est impossible ! répliqua le bâtoniste exalté ; – si c’eût été la grêle, à la bonne heure !
Lacenaire adorait cet être hableur et naïf à force d’être exagéré… »

L’illustration est issue de Wikipédia, article « Lacenaire ». Le texte complet du livre de Victor Cochinat est consultable sur Google.books.

Article proposé par Laurent Bastard. Merci :)

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