La canne, le bâton sont des sports très riches à bien des niveaux. J’aime à dire qu’il s’agit avant tout de jeu d’opposition dans lesquels technique, esthétique et sport trouvent un juste équilibre. Nous accueillons dans notre association, l’ASCA, Association Sportive de Canne d’Arme, des dizaines de pratiquants, de 8 à 70 ans !! Hommes, femmes et également dans personnes handicapées dans certains cas. Tous les niveaux de pratique sont abordés, que l’on cherche un sport « loisir », une pratique physique « engagée » que ce soit en canne ou en bâton.
J’ai le plaisir de diriger le plus ancien et le plus important club français de canne et bâton, qui vient de fêter ses 25 ans d’existence ! En tant que dirigeant et enseignant, il est particulièrement valorisant de pouvoir un sport qui permet aux pratiquants de découvrir, avec leurs propres particularités, comment manier une arme en bois, dans une optique ludique et technique. Les notions de respects, de courtoisie et d’échange sont très importante et reflète vraiment les valeurs de nos disciplines.
- La canne :
La canne, appelée aussi canne de combat ou canne d’arme, est une discipline française qui a été rénovée, dans la fin des années 1970, par Maurice Sarry. Le principe a été de dépoussiérer d’anciennes pratiques issues des académies de boxes françaises ou encore de certains manuels du 19ème siècle (tels ceux de Leboucher, Larribeau, Charlemont), pour en faire un sport de combat, moderne et particulièrement ludique ! Il existe deux grandes « écoles » en canne, en France : la méthode Sarry (dite aussi méthode fédérale) et la méthode Lafond (plus axée sur la self défense). Nous parlons ici de la méthode Sarry, actuellement la plus répandue en France (bien que ce sport soit relativement confidentiel puisque la fédération de savate et boxe française et disciplines associées dont la canne et le bâton font partie, annonce environ 2000 licenciés canne…).
La canne est une arme longitudinale, conique, en bois (châtaignier), d’une taille de 95 cm. et d’un diamètre de 1,5 cm pour la pointe de la canne et 1,8 cm pour le talon. La canne est tenue à une main.
Le but des cannistes est de toucher (en marquant des points), son partenaire, sans se faire toucher ! Dans sa forme de compétition, il s’agit d’assauts, de 2 fois 3 minutes au maximum dans lesquels les deux « tireurs » doivent marquer le plus de points. L’assaut se déroule dans un cercle de 9m de diamètre. Les déplacements jouent donc un rôle très important.
Il n’existe que 6 coups qui doivent être :
armés (main derrière la ligne des épaules) et exécutés avec un développement complet du bras
donnés avec le quart supérieur de la canne
dirigés sur l’une des trois surfaces de frappe (tête, flanc et tibia).
Les coups sont donnés en garde droite ou gauche. La prise de la main définit la garde, car la canne n’est saisie que d’une main.
Les différents coups sont bien sûr enchaînés et permettent de créer de nombreuses combinaisons (voltes, changement de garde, alternance des surfaces de frappe…)
Les coups en canne :
brisé (coup donné en tête).
latéral extérieur
latéral croisé
enlevé
croisé tête
croisé jambe (ou croisé bas)
Les surfaces de frappe : tête (dessus et côtés), flanc, jambe (le mollet).
La caractéristique des coups est qu’il y a une rotation de la canne systématiquement dans chaque coup.
Cela permet d’obtenir une grande vitesse d’impact. Le but n’étant pas de frapper fort, mais plutôt de toucher la surface de frappe. Ce sport est très complet, rapide d’apprentissage, et surtout, accessible aux enfants, qui y retrouvent un côté très ludique ! La notion de « jeu -d’opposition » est particulièrement adaptée à cette discipline. « Il faut toucher son partenaire, sans se faire toucher ».
La pratique de la canne en tant que jeu d’opposition de loisir implique de prendre des précautions pour garantir l’intégrité physique du et des pratiquants.
L’arme « canne » peut être dangereuse et il est important à sécuriser la pratique. En assaut, les tireurs devront mettre un masque ainsi que des protections adaptés à leur pratique. En compétition par exemple, il est obligatoire de porter un masque, une veste, un pantalon, des gants, des protèges-tibias…
La double canne :
La double canne est certainement ce qui existe de plus spectaculaire en termes de sports de combat « armés ». En effet, les techniques utilisées sont identiques à celles de la canne avec une notion très importante de vitesse et de mouvements. L’engagement physique est primordial et l’aspect chorégraphique indéniable.
L’intérêt pour un pratiquant débutant est surtout d’apprendre à manier la canne avec ses deux mains, en veillant à respecter des positions de gardes correctes. Les coups sont armés de la même façon qu’en canne mais la difficulté réside dans l’utilisation de son corps pour optimiser les mouvements. Pour des pratiquants confirmés, la double canne est une discipline à part entière, car il ne suffit pas de maîtriser une main, mais bien d’utiliser tout son corps pour marquer des points…
- Le bâton
Un bâton tel que nous le considérons est un morceau de bois, lisse, en châtaignier par exemple, qui a une taille de 1,4 m et a la particularité d’être conique. Le gros bout est appelé talon et mesure environ 2,5 cm, tandis que la pointe mesure 1,5 cm. Ici, le bâton est pris à deux mains (contrairement à la canne où une seule main est utilisée dans la préhension de l’arme).
L’intérêt d’un bâton conique réside dans la répartition du poids du bâton et notamment que du fait que le centre de gravité ne se situera pas forcément au centre du bâton.
Il y a plusieurs « écoles » de bâtonnistes (pratiquants), en France. Actuellement, celles qui sont encore les plus connues sont celles liées à deux courants :
- le bâton dit fédéral, dont la codification précise découle, nous l’avons dit, de l’adaptation de la codification de la canne de combat créée par Maurice Sarry (cette codification est toujours proposée, en 2009, par le Comité National de Canne de Combat, comité associé à la Fédération Française de Savate et Boxe Française).
- Le bâton « méthode Lafond » proposée par la famille Lafond
- Certaines résurgences de pratiques de bâton « historiques » Méthode Joinville
- Il y a ensuite des pratiques régionales (Pen Baz, Maquila …)
Mais il faut bien l’avouer, le nombre de pratiquants référencés est très faible (voire anecdotique). D’après nos estimations, quelques centaines tout au plus !
Pour nous, le bâton est avant tout un instrument de jeu, qu’il soit utilisé dans un échange avec un partenaire, sous forme de sport d’opposition, ou seul, en manipulation. C’est un peu comme un instrument de musique avec lequel on peut jouer. On peut faire du classique, du jazz, du rock…bref, se faire plaisir, qu’on soit amateur éclairé ou même « professionnel ».
Notre approche de la pratique du bâton s’appuie sur la codification de la canne (avec des coups de base identiques), mais en tenant le bâton à deux mains (mains en pronation). Cette tenue à deux mains impliques beaucoup de choses en terme de déplacement, de distance et d’implication complète du corps (dans l’espace).
Les coups en bâton :
brisé (coup donné en tête).
latéral extérieur
latéral croisé
enlevé
croisé tête
croisé jambe (ou croisé bas)
Coulissés verticaux et horizontaux (et éventuellement coup piqué).
Là encore donc, le principe est de toucher son partenaire, sans se faire toucher !
Notre approche du bâton ne se réduit pas à un jeu d’opposition avec un partenaire, car il est très important de pouvoir associer un travail de sensation de l’arme (due au déséquilibre permanent créé par l’aspect conique du bâton). Ce travail de recherche du poids du bâton est lié aux placements des mains, du corps ainsi qu’aux mouvements dans l’espace. Cette approche est particulière et enrichie énormément la pratique.
Article rédigé par Frédéric Morin (cf site www.batoncanne.com)